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L’Afrique, aire de prédilection du soft power marocain (1)

Le Maroc a surpassé le reste du Maghreb en se classant premier dans le Global Soft Power index 2023, un classement qui souligne les efforts du pays pour polir son image et étendre son influence dans le monde.

Dr Mohamed Chtatou

Le Maroc et son rang soft power en 2022 et 2023

Le Maroc se classe premier dans la région du Maghreb dans le Global Soft Power Index 2022, et septième dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Le cabinet britannique de conseil en marques « Brand Finance » est spécialisé dans l’évaluation des marques et a publié son rapport annuel Global Soft Power Index pour 2022. Avec une note de 34,9 sur 100, le Maroc se classe au 46e rang mondial sur 120 pays, améliorant ainsi son classement de deux places.

Dr Mohamed Chtatou

Pour la région MENA, le Maroc se classe au septième rang parmi les 15 pays répertoriés, après les Émirats arabes unis (15e au niveau mondial), Israël (23e), l’Arabie saoudite (24e), l’Égypte (31e) et le Koweït (36e). L’Algérie (75ème au niveau mondial) et la Tunisie (76ème) suivent consécutivement le Maroc dans la région du Maghreb. Le classement n’inclut pas la Mauritanie et la Libye. L’Égypte s’est classée première en Afrique (31e au niveau mondial), suivie par l’Afrique du Sud (34e).

Avec un score de 70,7, les États-Unis sont en tête du classement mondial du soft power, suivis par le Royaume-Uni (score de 64,9), l’Allemagne (score de 64,6), la Chine (score de 64,6) et le Japon (score de 63,5). Selon le rapport, la pandémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur le classement.

Les pays ont été classés sur la base de sept « piliers de puissance douce » qui prennent en compte les affaires et le commerce, la gouvernance, les relations internationales, la culture et le patrimoine, les médias et la communication, l’éducation et la science, les personnes et les valeurs, ainsi que les performances des pays dans la lutte contre le Pandémie de covid-19.

De plus, Brand Finance fonde son classement sur la présence, la réputation et l’influence de la nation dans le monde, ainsi que sur une enquête menée auprès de plus de 100 000 personnes interrogées. Le Global Soft Power Index 2022 s’est élargi pour inclure 120 pays, accueillant 15 nouvelles nations dans le classement de cette année.

Le Maroc a surpassé le reste du Maghreb en se classant premier dans le Global Soft Power index 2023, un classement qui souligne les efforts du pays pour polir son image et étendre son influence dans le monde.

Le soft power c’est quoi au juste ?

Qu’est-ce que la puissance douce ? : La puissance douce (soft power) est la capacité d’influencer d’autres nations en utilisant la persuasion et l’attraction plutôt que la coercition ou la force. Le soft power s’appuie sur la culture, les arts et la science. Dans le domaine diplomatique, le soft power se construit notamment par le biais de la diplomatie éducative, de la diplomatie scientifique, de la diplomatie publique et de la diplomatie numérique.

Quelle est la différence entre le hard power et le soft power ? : La puissance dure (hard power) fait référence à l’utilisation de la coercition, de la force militaire ou économique pour influencer le comportement d’un autre État. La puissance douce est la capacité à façonner les préférences des autres par le biais de la culture, des valeurs et des idées. Le soft power tente d’influencer indirectement en créant un désir pour les objectifs du détenteur du pouvoir, alors que le hard power s’appuie sur la coercition et la puissance militaire pour atteindre ses objectifs.

Quels sont les instruments diplomatiques du soft power ? : Les ressources du soft power sont utilisées dans de nombreux contextes des relations internationales et de la politique mondiale.

L’e-diplomatie/diplomatie digitale est un outil important du soft power. Elle consiste à utiliser les sites web, les blogs et les médias sociaux pour façonner l’opinion publique et influencer les conversations mondiales. Pendant le Printemps arabe, l’importance des médias sociaux a conduit à l’utilisation de la diplomatie Twitter et Facebook. Vous pouvez en savoir plus sur l’utilisation des médias sociaux et d’autres outils en ligne pour renforcer la puissance douce.

La diplomatie culturelle est un moyen important d’entrer en contact avec différents groupes et d’aider les gens à comprendre les valeurs et la culture d’un pays. La diplomatie culturelle comprend l’organisation de festivals et d’expositions, l’échange d’artistes et le soutien à des projets cinématographiques et artistiques. La diplomatie culturelle fait partie du concept plus large de diplomatie publique.

La diplomatie de l’éducation devient de plus en plus importante, car les pays utilisent les échanges éducatifs et les bourses d’études pour établir des relations, un prestige international et une puissance douce globale. Il s’agit notamment d’offrir des possibilités d’étudier à l’étranger, ainsi que des programmes éducatifs et des échanges visant à améliorer les relations diplomatiques et la coopération internationale. En général, les étudiants et les universitaires qui participent à des programmes d’échanges éducatifs développent une image et des liens positifs.

La diplomatie publique est utilisée pour entrer en contact avec des personnes du monde entier et diffuser une bonne image. La diplomatie publique est un élément important du « soft power », un concept qui englobe la diplomatie culturelle, les échanges éducatifs et la communication avec les médias. Grâce à la diplomatie publique, les pays favorisent les relations, promeuvent leurs objectifs de politique étrangère et accroissent leur influence sur la scène internationale.

La diplomatie sportive est en train de devenir un élément important de la puissance douce. Elle comporte un large éventail d’aspects. L’accueil d’événements tels que la Coupe du monde de la FIFA a amélioré l’image publique du Qatar. L’importance des grands événements sportifs pour le soft power est la raison pour laquelle les pays font un lobbying important pour accueillir les Jeux olympiques, la Coupe du monde et d’autres événements sportifs. Le deuxième aspect important est la réussite sportive. La victoire de l’Argentine au Qatar a accru la visibilité et le prestige du pays et la même est vraie pour ce qui concerne l’arrivée de l’équipe du Maroc au demi-finale.

La diplomatie économique est également utilisée pour renforcer la puissance douce. Après la Seconde Guerre mondiale, le « plan Marshall » a été utilisé pour développer l’économie de l’Union européenne. Toutefois, ce plan a également façonné la culture européenne et les priorités sociétales. L’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » est un autre exemple d’une initiative qui ne se limite pas à des projets économiques et d’infrastructure.

Le soft power, selon Joseph Nye

Le soft power, terme inventé par le politologue américain Joseph Nye à la fin des années 1980, désigne la capacité d’une nation à séduire, attirer ou influencer par des moyens autres que la force, la coercition ou la puissance militaire. Fondé en grande partie sur les valeurs, la culture et la diplomatie, il permet à un pays d’être perçu sous un jour attrayant dans le monde entier, une image d’autant plus nécessaire qu’elle contribue à attirer l’énergie, la créativité, les investissements, les touristes, etc.

Comme une rivière, dit Nye, l’image d’un pays a de nombreuses sources. Seules quelques-unes sont sous le contrôle direct du gouvernement et se prêtent à une amélioration délibérée. La question de savoir si les États doivent améliorer leur image – dépenser pour renforcer leur « soft power » – est débattue dans le livre, sans résultat clair. Dans un monde idéal, le « soft power » s’accumulerait automatiquement grâce à des actions bonnes et convaincantes – tout le reste n’est que « propagande ». Les images de manipulation grossière par les nazis ou les Soviétiques viennent à l’esprit. Mais convaincre les autres de sa propre valeur peut nécessiter une action volontariste. Et de toute façon, comme tout intellectuel post-moderne pourrait le dire cyniquement, il n’y a pas de vérité, il n’y a que des opinions. Qu’y a-t-il donc de mal à faire valoir une opinion favorable ?

Le soft power, l’image de marque d’une nation, n’est pas nécessairement en contradiction avec le hard power. Les États-Unis, par exemple, sont capables de projeter sans complexe leur puissance militaire, économique et stratégique tout en séduisant les cœurs et les esprits par le cinéma hollywoodien, l’American way of life et le mythe de l’immigré, tout comme la France le fait par le tourisme, la gastronomie, le vin, la littérature et la richesse de son patrimoine culturel. Dans un monde globalisé, fortement concurrentiel, où les canaux de communication se multiplient (télévision, médias sociaux, Internet), le concept prend une valeur stratégique. Pour exister, il faut séduire !

La notion de soft power fait référence à la capacité d’un pays à étendre son influence et à persuader efficacement sans recourir à la coercition et à la force traditionnelle. Cependant, alors qu’au lendemain de la guerre froide, ce concept faisait exclusivement référence à la force de persuasion culturelle et économique des États-Unis sur la scène internationale, aujourd’hui, l’utilisation de la puissance douce n’est plus spécifique à la diplomatie étrangère américaine. En fait, les puissances émergentes telles que la Chine et l’Inde utilisent également leurs ressources en matière de soft power, notamment les investissements, l’aide étrangère et les produits culturels, pour promouvoir leurs intérêts nationaux et leurs objectifs stratégiques à l’étranger.

L’utilisation d’outils militaires, économiques ou diplomatiques pour exercer un effet de levier sur les efforts diplomatiques reste une question récurrente dans le domaine des relations internationales. La dichotomie entre puissance dure et puissance douce a également été revue et remise en question, certains affirmant qu’il existe une zone « grise » où les deux moyens sont utilisés par les États pour défendre leurs intérêts. La croissance de l’extrémisme violent et le défi qu’il représente pour l’ordre international existant ont également appelé à une approche inclusive et globale qui rassemble les outils de puissance dure et douce. Ces mécanismes sont de plus en plus pris en compte sur le continent africain, où les décideurs politiques ne comptent pas uniquement sur l’effet que le pouvoir traditionnel peut avoir pour mettre fin aux crises et aux conflits.

La promotion des pratiques de bonne gouvernance, le renforcement de la coopération économique et la disponibilité de récits alternatifs au discours extrémiste, combinés à des outils diplomatiques pertinents pour promouvoir la justice sociale et l’égalité, une éducation de qualité, de meilleures infrastructures, l’autonomisation sociale et des opportunités d’emploi équitables pour les jeunes, vont souvent de pair avec des moyens militaires afin de trouver des solutions durables et efficaces aux menaces à la sécurité et aux conflits. En outre, la question de l’alimentation pourrait devenir un enjeu politique majeur dans le monde entier et surtout en Afrique, où la population devrait doubler d’ici à 2050.

A suivre

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